Cohabiter avec le goéland argenté

Dans les milieux urbains telle que la Ville de Granville, les populations de goélands argentés augmentent, créant de nouvelles nuisances pour certains habitants : perturbations sonores, déjections, vols de nourriture…

Cette tendance s’observe, à l’échelle de la façade Manche-Mer du Nord : les colonies en milieu naturel ont régressé, notamment dans la baie du Mont-Saint-Michel et sur l’Archipel de Chausey, alors que les colonies en milieu urbain se sont développées. L’espèce est même considérée comme quasi menacée en Europe (statut utilisé par la liste rouge de l’UICN) et est protégée par la directive Oiseaux (2009/147/EC, version codifiée du texte d’origine, la directive 79/409/EEC) en France. Dès lors, un enjeu de conservation des espèces dans les villes se dégage et implique de travailler à une meilleure cohabitation avec ces oiseaux.

Pendant quatre années (2016, 2017, 2018 et 2019), la problématique a été gérée par la stérilisation des œufs sur autorisation du Préfet de la Manche (arrêté préfectoral donnant dérogation à la commune pour réaliser ces campagnes). Ces quatre  autorisations ont été attaquées par l’association Manche-Nature et annulées pour manque de base légale : les preuves des nuisances n’étaient pas suffisantes pour caractériser un intérêt public majeur permettant une dérogation. La Ville souhaite à présent travailler autrement puisque cette stérilisation n’a d’ailleurs pas permis de résoudre le problème. Elle se propose de mener une réflexion sur une meilleure cohabitation avec cette espèce protégée.

Grâce au soutien de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et de la Direction Régionale de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement (DREAL) de Normandie, la Ville de Granville a pu confier le pilotage de ce projet au Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE) du Cotentin. Celui-ci, en collaboration avec la commune, travaille à la mise en place d’une cohabitation intelligente de ces oiseaux avec les habitants de la commune.

Un travail en plusieurs étapes : 

  • Création d’un comité citoyen
  • Réalisation d’une enquête auprès des granvillaises et des granvillais
  • Proposition d’animations pour comprendre les enjeux de protection
  • Mise en place de solutions concrètes pour réduire les nuisances
  • Rédaction d’un guide de la médiation et de l’action sur le sujet pour permettre à d’autres villes de profiter du retour d’expérience de Granville

LES BONS GESTES À ADOPTER

AVANT LA NIDIFICATION de septembre à février

  • Nettoyer vos toitures et enlever les éléments qui pourraient servir à la construction d’un nid.
  • Montrer votre présence sur le toit si possible, plus il y aura du mouvement ou du bruit sur le toit, moins les goélands argentés viendrons y nicher. Si vous êtes locataire ou dans une copropriété, faites en la demande auprès des personnes concernées.
  • Vous pouvez également installer des dispositifs tels que des pics ou des filets si vous ne souhaitez pas avoir de goélands argentés sur votre toit. Il est important que les dispositifs installés soient respectueux de l’animal et soient homologués.
  • Ayez une bonne gestion des déchets ! Fermez bien vos sacs poubelles et faites en sorte qu’ils rentrent bien dans les containers. Un sac peut-être très facilement ouvert par l’oiseau. Pour signaler des bacs défectueux ou la présence de sacs poubelles qui débordent des containers ou des colonnes enterrés contactez le service déchets de Granville Terre et Mer : 02 33 91 92 60.

APRÈS LA NIDIFICATION d’avril à juillet

  • Restez calme face aux attaques de goélands. De mi-avril à fin juillet les couples de goélands défendent leurs nids et un mâle ou femelle peut arriver en piqué sur les passants. C’est un comportement naturel qui vise à dissuader et protéger les œufs, et non une attaque. En cas d’attaque, ne paniquez pas et mettez votre poing au dessus de la tête, le goéland prendra en compte le point le plus haut de votre corps et volera au-dessus de vous.
  • Ne le nourrissez pas !  Cela accélère la proximité entre l’humain et l’oiseau et au fil des années l’oiseau n’a plus peur de voler la nourriture directement dans les mains des passants. Pour déguster une gaufre sur le bord de mer, restez concentré sur votre nourriture. Il a été prouvé, que fixer le goéland dans les yeux, l’empêche de venir manger votre nourriture.
  • Ne pas recueillir un goéland, si jamais vous voyez des petits grisards (jeunes goélands) se balader ne les nourrissez pas non plus et ne le prenez pas dans vos mains, les parents continuent de les nourrir même si ils sont tombés du nid.
  • Pour protéger vos voitures des fientes, la seule solution est de pouvoir garer votre voiture dans un garage protégé.
Goelands

Goéland argenté : Qui suis-je ?

À quoi je ressemble 

J’ai une tête, un ventre et une poitrine blanche. J’ai des ailes et un dos gris clair. Les extrémités de mes rémiges sont noires et mouchetées de taches blanches. J’ai un œil vif jaune-vert pâle et des pattes rose pâle.  Mon bec est jaune orange avec une tache rouge sur la mandibule inférieure. Je mesure jusqu’à 70 cm de long et jusqu’à 150 cm d’envergure.

Où est-ce que je vis ?

J’occupe tous les biotopes, essentiellement marins, mais aussi terrestres. Je suis présent où je trouve de la nourriture et souvent à proximité ou dans des villes. Je peux vivre une trentaine d’années.

Qu’est-ce que je mange ?

Je mange de tout, je suis opportuniste, j’ai un régime alimentaire omnivore. Je peux manger des crustacés morts ou vivants, du poisson, mais aussi des grenouilles, des petits oiseaux, des œufs d’autres espèces et des déchets divers.

Comment et quand je me reproduis ?

Je suis monogame et je garde le/la même partenaire pour la vie. Ma période de reproduction commence mi-mars.

Est-ce que j’ai des prédateurs ?

Les renards et les hiboux peuvent être des prédateurs pour moi.

Les goélands argentés

Que dit la loi ? 

L’Arrêté du 29 octobre 2009 fixe la liste des oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire français et les modalités de leur protection, le Goéland argenté (Larus argentatus) fait partie de cette liste. Ainsi s’applique à cette espèce l’article L. 411-1 du code de l’environnement, qui interdit la destruction ou l’enlèvement des œufs et des nids, la mutilation, la capture ou l’enlèvement des spécimens de goélands argentés.

Cependant, la règlementation a prévu une souplesse et l’arrêté du 19/12/14 fixe les conditions et limites dans lesquelles des dérogations à l’interdiction de destruction d’œufs de goélands peuvent être accordées en milieu urbain par les préfets, sous conditions de nuisances justifiées.

Selon le règlement sanitaire départemental de la Manche et l’article 120 : il est interdit de jeter ou de déposer des graines ou de la nourriture, en tous lieux ou établissements publics, susceptibles d’attirer les animaux errants, sauvages ou redevenus tels, notamment les chats ou les pigeons […]. Le nourrissage est passible d’amende.

Rejoindre le Comité citoyen

Le but de ce comité citoyen est de réunir des citoyennes et des citoyens avec différentes opinions et expériences vis-à-vis des goélands argentés et de travailler avec des outils de démocratie participative à la recherche de solutions partagées.

Différentes actions concrètes seront possibles :

  • Réaliser une enquête auprès des habitants sur la perception des goélands argentés
  • Mettre en œuvre des opérations de sensibilisation
  • Réfléchir à un aménagement du territoire adapté
  • Réaliser de nouveaux panneaux pédagogiques
  • Envisager une meilleure gestion des déchets

Des réunions de concertation avec les services de la mairie seront organisées régulièrement.

Le sujet vous interpelle ? Vous êtes curieux ? Vous souhaitez participer au comité citoyen ? N’hésitez pas à nous contacter

Contact : naomi.simeon@cpiecotentin.com